« J’observais, je regardais. »

J’étais tout petit. Accroupi au bord d’un étang marécageux, j’observais les têtards. Enormes, ils allaient se métamorphoser en grenouilles. La rive en fourmillait. La fine membrane qui enveloppait les ventres gonflés laissait nettement voir l’enchevêtrement des replis intestinaux, appesantis par le processus de métamorphose, lents, ils provoquaient le toucher. Retirés de l’eau avec un bâton, imprudemment heurtés leurs ventres enflés éclataient. Leur contenu coulait – débordement de nœuds confus. Un instant plus tard des mouches s’en emparaient. Je restais là, le cœur battant, bouleversé par ce qui venait de se passer. La destruction d’une existence flasque, l’immense mystère de son contenu. Tout comme devant une tige brisée d’où coule la sève, force qui n’est connue qu’en apparence.